PRECIS DE BANDO

Thaing [Bando]:: (Birm.) Aujourd’hui, le terme s’accorde à désigner les arts de combat de la Birmanie dont les origines
dateraient de plus de 5000 ans. Ils descendent, d’une part, des techniques guerrières, prisent dans leur vocation primitive sur
le champ de bataille, résultat d’une longue évolution historique et dont on a retenu les règles et les principes d’entraînement.
D’autre part, il est le fruit de la réflexion de moines dans le besoin de se défendre et de s’entretenir physiquement, méthodes utilitaires
devenant peu à peu des arts martiaux rituels.

D’un point de vue ethnique, il doit sa richesse technique aux peuplades dispersées dans des jungles épaisses, tels les Nungs et les
Rawangs dont l’animal vénéré est le sanglier ; les Nagas, adorateurs du singe noir, du tigre et du sanglier ; les Marus adorateurs du tigre
 ; les Was et leur culte pour le cerf ; les Karens dont l’animal vénéré est le buffle ; les Shans, dont les techniques de combat sont influencées
par les pratiques chinoises. Ces peuplades ont développé chacune leurs propres méthodes de combat, calquées très souvent sur le
comportement animal. De nombreuses spécificités se retrouvent dans le « travail à mains nues » (Bando*) et dans le « maniement des
armes » (Banshay*). Techniques réalistes, sobres et efficaces, elles conduisent à des pratiques ludiques, tel que la lutte birmane (Naban*)
codifiée au 9ème siècle et la célèbre boxe birmane (Lethwei*), règlementée au 11ème siècle

Parallèlement aux pratiques des différentes ethnies, les moines birmans ont développé des méthodes axées sur les concepts d’autodéfense
et de non-violence. Elles affichent de fortes valeurs humaines et sociales, tels, le respect des autres, l’équilibre personnel, l’harmonie avec les
proches et avec l’environnement.

Chez les moines, du 3ème siècle, le terme Thaing signifie « autodiscipline », « autodéveloppement » et « autoréalisation ». Au 12ème siècle,
il signifie « self-défense » et « autoprotection ». Au 20ème siècle, on lui accorde la notion de « système de self-défense ».
Le « th » de « Thaing » est prononcé avec la langue entre les dents, comme le « th » de l’anglais « thing ».
Le « aing » est prononcé comme le « ein » allemand.

Les différentes pratiques du Thaing peuvent s’expliquer par le schéma de quatre axes. Dans l’axe vertical : le style haut et le
style bas. Dans l’axe horizontal : le système dur et le système doux.

Le système dur est caractérisé par des techniques avec contrôle de sa propre énergie, l’objectif étant
de minimiser les dégâts occasionnés à l’adversaire. Ce mode ne signifie ni faiblesse ni lenteur mais « maîtrise de ses actes ».Un grand expert du système doux doit être fort, rapide en mouvement, alerte mentalement et hautement instruit dans les arts martiaux

Le style haut est déterminé généralement par le « contrôle de ses propres émotions » pendant l’opposition. C’est le niveau de
la discipline mentale qui détermine la nature du style (haut ou bas) et donc la nature de l’action ou de la réaction.

Le style bas concerne le combattant qui ne contrôle pas son état émotionnel (la colère, l’orgueil, la rage, la vengeance, la peur,
la haine, la honte, etc.). Les techniques sont violentes et ses actes sauvages.

Le Thaing prôné par les moines depuis deux millénaires développe le style haut.

 

Aujourd’hui, le Thaing est un « système martial » et non un « art martial ». C’est-à-dire un complexe de combat regroupant
différentes pratiques martiales originaires de Birmanie avec ou sans armes. Il est plus généralement connu sous l'appellation
générique de « Bando ». En effet, le pratiquant de Thaing aborde le travail à mains nues (Bando), la lutte au corps à corps (Naban)
, le maniement des armes (Banshay), le pugilat (Lethwei), les formes internes - techniques énergétiques et mentale - (Min-zin), le système
du moine (Pongyi-thaing), le yoga birman (Bando-yoga : Dhanda-yoga, Longi-yoga et Letha-yoga)], les soins de l’esprit et les soins du
corps (massages et traitement par les plantes).

Ainsi trouve t-on en Birmanie, de nombreuses écoles aux pratiques diverses et spécifiques, ce qui fait la richesse du Thaing.
Nous trouvons :


-le « style shan » (Shan thaing), style martial influencé par la culture chinoise

- le « style du serpent » (Neganadai thaing)

- l’ « école du chemin opposé » (Pyompya thaing) où prédomine les techniques circulaires et des formes animales comme le singe,
le scorpion, la panthère, le buffle et le cobra. C’est un style très proche des pratiques chinoises. Il utilise des stratégies surprenantes et rares.
Tels des blocages circulaires et des coups de poing mélangés avec des saisies

- le « style royal »>(Nan twin thaing), etc. Mais le plus pratiqué dans le monde est le Hanthawaddy thaing*.
Ce dernier rassemble les pratiques recensées après la seconde guerre mondiale, par un groupe d’experts soucieux de préserver les
arts de combat du pays, dont le meneur fut Ba Than [Gyi]*, alors Directeur des Sports au Ministère de l’Education.

L’ambassadeur de ce courant pour l’occident, n’est autre que le fils de dernier, Maung Gyi* expatrié aux U.S.A. depuis 1959.


Le premier répertoire des pratiques guerrières birmanes date du 6ème siècle après J.C. Les disciplines ancestrales sont les suivantes :

1. Le combat avec les animaux (éléphant, cheval, buffle, chien),

2. Le combat du soldat à pied avec armes diverses : arc, arbalète, sabre, lance, dague, bouclier (Banshay*),

banshay

3. Le travail de la lutte (Naban*),

naban

4. Le travail de la boxe à mains nues (Lethwei*),

lethwei

5. La self-défense (Bando*),

akka

 

6. Le développement physique (Bando-yoga*),

7. La médecine des herbes et des plantes,
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8. Les techniques de massage,

9. La préparation mentale, les soins de l’esprit et le développement énergétique (Min-zin*).


Le terme Bando, est un néologisme plus pratique à utiliser que le terme Thaing. Sa terminaison « do »,
sonne de la même manière que pour la plupart des arts martiaux extrême-orientaux. Ce qui est un avantage pour la promotion
de la discipline. Il sert à désigner deux types de notion :

1. Il désigne, d’abord, le « travail martial à mains nues » (la self-défense, les formes animales et les autres techniques martiales).
Suivant les origines ethniques des techniques, on parle de Bando birman, de Bando kayin, etc., comme on parle de Lethwei*
kachin ou de Lethwei* karen.

2. Il remplace le terme Thaing, afin de désigner l’ensemble des pratiques martiales birmanes.


Le premier sens du mot Bando est plus approprié pour désigner l’« art du combat à mains nues ».
Quant au terme Thaing, il désigne avantageusement l’ensemble des arts martiaux originaires du Myanmar.


Texte : Alain DELMAS, avril 2005